Le salut entre motards n’a rien d’automatique, et la poignée de main levée n’est pas un réflexe partagé par tous. Sur les routes françaises, certains pilotes de Harley-Davidson s’abstiennent ostensiblement, suscitant interrogations ou agacement chez d’autres passionnés.
Derrière ce geste absent, des codes précis, parfois méconnus, gouvernent les comportements. L’appartenance à une marque, l’histoire des clubs, ou encore des considérations culturelles expliquent ce choix. Les réactions oscillent entre indifférence assumée et revendication identitaire, révélant une réalité plus nuancée qu’il n’y paraît.
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Plan de l'article
Le salut entre motards : une tradition pas si universelle
Sur la route, les motards ne se saluent pas tous d’un mouvement de main. La tradition du salut motard, souvent présentée comme une évidence, fluctue selon les générations, les régions et, surtout, selon l’esprit de chaque communauté. Le fameux « V » des doigts n’a jamais été un réflexe universel. Il appartient à une histoire et à des usages parfois méconnus.
Les origines du salut remontent aux premiers temps de la moto. À l’époque, reconnaître un autre motard relevait presque de la complicité secrète. Signe du bras, main levée, appel de phare ou salut du pied : chaque geste dépendait de la monture, du temps ou de la configuration de la route. Barry Sheene, Arthur Davidson et William Harley n’imaginaient pas voir un jour autant de variantes dans ce simple signe d’appartenance.
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La réalité moderne met en lumière une mosaïque de pratiques. Sur certains axes européens, le salut s’efface derrière un simple hochement de tête. L’hiver et ses équipements imposants limitent les gestes, tout comme l’attention portée à la trajectoire ou à la sécurité. Les différences entre motos se font sentir : un pilote de scooter ou de sportive ne sera pas toujours salué par un cruiser, et inversement.
Voici quelques points pour comprendre cette diversité de gestes sur le réseau routier :
- Le salut motard traduit avant tout une appartenance, mais chacun en donne une interprétation différente.
- La communauté motarde est plurielle, chaque groupe ayant ses habitudes et ses propres codes.
- Les usages varient d’un pays à l’autre, dans la forme comme dans la fréquence du salut.
En filigrane, la route française raconte l’éclatement d’un code qui n’a jamais été uniforme.
Pourquoi les Harley ne répondent pas toujours au « V » ?
Le sujet alimente débats et échanges sur internet : pourquoi les pilotes de Harley Davidson ne rendent-ils pas systématiquement le salut motard ? Pour comprendre, il faut plonger dans l’ADN de la marque, façonnée par William Harley et Arthur Davidson. L’esprit Harley, c’est l’affirmation d’une différence, une volonté farouche de cultiver un style à part, loin des conventions.
Sur les axes français, l’image du motard Harley se construit sur l’indépendance : une fraternité tournée vers l’intérieur du groupe, rarement étendue à l’ensemble des motards. Le geste du « V » ne se partage pas à la légère. Il s’adresse le plus souvent à un autre Harleyiste, rarement au pilote d’une sportive ou d’une GT. Pour certains, c’est la marque d’un clan ; pour d’autres, l’expression d’un rituel réservé. Plutôt que d’exclure, il s’agit d’entretenir une fidélité à une culture propre.
L’ergonomie des Harley n’aide pas non plus à la spontanéité du geste. Entre position basse, larges guidons et confort typique, lever la main à 80 km/h sur un Fat Boy ou un Road King relève de l’acrobatie. Les stéréotypes ont la vie dure : l’indépendance des Harley est parfois interprétée, à tort, comme de l’arrogance. Pourtant, le salut existe bel et bien dans cet univers, mais il obéit à des codes hérités de la tradition Harley, transmis entre membres avertis.
Entre codes, ressentis et clichés : ce qui se joue vraiment derrière le non-salut
S’il arrive qu’un salut reste lettre morte, c’est souvent l’expression de règles tacites, de ressentis ou de préjugés propres à la scène moto française. Entre le « V » de la main, l’appel de phare ou le simple signe de la tête, chaque geste porte en lui une appartenance. Mais la frontière entre inclusion et distance se trace parfois au détour d’un logo sur le réservoir.
Motards de scooter 125 cm3, de maxi-scooter ou de can-am spyder connaissent cette impression d’être mis à l’écart. La question du permis, A ou B, accentue la séparation. Au guidon d’un scooter à trois roues avec un permis B, certains disent ressentir des regards réservés, sinon indifférents, de la part des motards « historiques ». Les marques comme Piaggio, Kymco ou Pegout incarnent cette diversité, mais peinent parfois à faire reconnaître leur légitimité.
La densité du trafic joue aussi son rôle. En ville, où motos et scooters se croisent à chaque feu rouge, le salut perd de sa valeur de clin d’œil entre initiés. Les réseaux sociaux, les forums et les discussions en ligne ont tendance à grossir ces clivages. Pourtant, au cœur de la circulation, l’enjeu reste la sécurité routière et le respect mutuel, bien au-delà des rivalités entre marques ou cylindrées.
Et vous, comment vivez-vous la solidarité motarde ? Partagez vos anecdotes !
Sur l’asphalte, la solidarité motarde s’exprime de mille façons. Plus qu’un signe de la main, elle vit à travers de petits gestes qui tissent une toile invisible entre passionnés. Les histoires abondent : certains se rappellent d’une main tendue lors d’une galère sur l’autoroute, d’un casque prêté sous une pluie battante, ou d’un motard inconnu qui s’arrête pour aider sur le bas-côté.
Voici quelques situations réelles qui illustrent cette fraternité à la française :
- Sur la N7, deux routards échangent un salut motard sous une pluie drue et brisent, l’espace d’un instant, la solitude du trajet.
- Un motard arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence reçoit l’aide d’un autre, sans considération pour la marque ou la puissance de la moto.
- Lors de rassemblements, Harley, BMW, Indian ou Goldwing stationnent ensemble, le respect s’imposant d’emblée, sans distinction de blason.
Forums, réseaux sociaux, relais sur la route : les discussions témoignent de ce lien particulier, parfois mis à mal en ville mais entretenu avec force ailleurs. Le respect motard, la fraternité et le partage traversent les générations, portés par des histoires échangées à la pause ou sur le net. Et tant que le rugissement d’un moteur résonnera, la solidarité entre motards restera ce fil discret qui relie tous ceux qui choisissent la route.