Conduire une moto : suis-je suffisamment grand ?

1,79 mètre. À angle droit et sans détour : c'est la taille moyenne d'un homme adulte en France. Pourtant, aucune règle écrite ne fixe une taille minimale pour monter à motos. Les constructeurs suggèrent bien quelques recommandations dans leurs manuels, mais elles tombent souvent dans l'oubli lorsque vient le moment de choisir un modèle. Et ce flou n'est pas sans conséquence : les chiffres d'accidents ne laissent pas de place au doute, une moto inadéquate face à la morphologie du pilote accroît le risque de perte de contrôle. D'un modèle à l'autre, chaque détail varie, hauteur de selle, disposition des repose-pieds, ergonomie des commandes. Pour qui dépasse la norme, faire le bon choix s'apparente parfois à un parcours d'obstacles. À cela s'ajoute une réalité : selon la marque ou la catégorie, les options vraiment variées pour les grands se font rares.

Être grand à moto : quels défis au quotidien ?

Dès qu'il se tient debout à côté de sa monture, le pilote d'1m85 ou plus sent vite si la machine lui convient vraiment. Les jambes cherchent l'équilibre, les commandes semblent rapprochées, la bulle ne protège rien d'autre que le torse. Pour la tête, il faut s'incliner ou affronter le vent. On s'adapte, bien sûr, mais jamais sans perdre un peu de confort ou de sérénité au guidon.

La hauteur de la selle, mesurée en chiffres, vécue à travers chaque articulation, devient vite une préoccupation constante. Certains modèles imposent des genoux trop repliés, d'autres surélèvent tellement les repose-pieds qu'on se sent tout comprimé. Après plusieurs heures de route, la tension se loge dans les muscles. Pour celles et ceux habitués aux longs trajets, ce n'est pas un détail. Certes, poser les deux pieds à plat au sol ne pose généralement aucune difficulté aux grands, mais la question ne s'arrête pas là.

L'équipement, aussi, joue contre celui qui ne rentre pas dans le moule moyen. Blousons trop courts, pantalons qui remontent dès qu'on s'assoit, combinaisons qui baillent aux poignets… Voilà le quotidien de bien des motards. Même placer le fameux disque A, pourtant requis sur des motos modernes, relève parfois du petit gymkhana réglementaire.

Voici les principales difficultés rencontrées par les grands motards :

  • Hauteur de selle inadaptée à leur stature
  • Commandes souvent trop rapprochées, difficilement ajustables
  • Choix limité d'équipements adaptés à de longues jambes

Naviguer chaque jour sur une moto quand on frôle (ou dépasse) 1m85 impose une attention constante. Certains trails ou roadsters atténuent ces difficultés, mais l'offre véritablement pensée pour les grands gabarits reste encore rare sur le marché.

Quels critères regarder pour choisir une moto quand on mesure plus d'1m85 ?

Lorsque la toise approche les deux mètres, la fiche technique ne suffit plus. L'élément capital : la hauteur de selle qui permet de s'installer sans forcer sa posture. Une selle trop basse finit par tasser les jambes et provoquer la fatigue. Au-delà de 820 mm, l'assise devient appropriée pour éviter ce phénomène. Oubliez aussi les selles creusées si vous visez une bonne hauteur, surtout sur trails et roadsters.

L'équilibre du trio selle-repose-pieds-guidon, ce qu'on appelle le triangle ergonomique, détermine le confort. Les trails ou quelques roadsters haut perchés s'en sortent mieux, là où les sportives, déjà radicales, se montrent vite hostiles aux grands gabarits.

La largeur du guidon, la disposition des commandes mais aussi leur réglage apportent des nuances importantes. Un guidon trop bas ou trop étroit use le dos et les épaules sur la durée. Si la position des pieds au sol ne pose pas souci, attention aux selles trop creusées qui compliquent les mouvements à basse vitesse.

Pour mieux cibler un modèle, voici les critères à surveiller :

  • Hauteur de selle : au-delà de 820 mm de préférence
  • Triangle ergonomique : suffisamment spacieux pour étendre jambes et bras sans contrainte
  • Position des repose-pieds : adaptés pour éviter genoux pliés ou posture recroquevillée
  • Commandes ajustables : s'assurer qu'elles s'adaptent vraiment à votre morphologie

Il peut aussi être judicieux d'anticiper sur les accessoires : selle rehaussée, kit de modification pour les repose-pieds, guidon élargi ou relevé… Certains fabricants proposent directement ces options, ce qui change beaucoup le ressenti au quotidien. Avant d'arrêter son choix, il ne faut pas négliger le point du permis : la moto sélectionnée doit convenir aux exigences du permis en votre possession, qu'il s'agisse d'une version limitée ou non.

Des modèles et marques qui facilitent la vie des motards de grande taille

Depuis peu, plusieurs marques ont compris l'enjeu et élargi leur catalogue dans ce sens. Les trails, d'abord : la série GS de BMW met la barre haut avec un poste de conduite surélevé, une selle large et un espace suffisant pour loger de longues jambes. Même la BMW G 310 R, à première vue plus compacte, se révèle accessible au-delà d'1m80.

Du côté de KTM, la 390 Duke se distingue par une selle qui domine la concurrence, et des commandes judicieusement espacées. Triumph, avec la Bonneville T120, reste fidèle à sa réputation de confort grâce à une assise plate, un guidon bien large et des repose-pieds positionnés intelligemment. Pour ceux qui préfèrent le style classique, Moto Guzzi (V7 Special) ou Royal Enfield (Meteor) offrent des alternatives où confort et naturel sont au rendez-vous.

Quelques exemples de modèles appréciés pour leur capacité à accueillir les grands pilotes :

  • Trail : BMW GS, KTM Adventure, Honda Africa Twin
  • Roadster : Triumph Street Triple, Yamaha MT-07, Suzuki GSX-8S
  • Néo-rétro : Moto Guzzi V7, Royal Enfield Interceptor

Le choix de motos homologuées avec puissance modérée s'étend d'année en année. Yamaha MT-07, Honda CB 500 Hornet ou Suzuki GSX-8S figurent parmi les modèles qui ne condamnent pas le confort pour les grands. Même chose pour la Ducati Scrambler Nightshift ou la Harley Davidson Softail Standard : leur position décontractée épargne les genoux, même en longues balades.

Adolescent à moto dans un garage atelier

Gagner en confort : astuces et réglages pour adapter sa moto à sa morphologie

Une moto bien réglée selon sa taille, c'est l'assurance de moins subir la fatigue et de mieux contrôler sa conduite. Plusieurs solutions s'offrent à celles et ceux qui cherchent à optimiser leur position : en premier lieu, l'ajustement de la hauteur de selle. Certains modèles le permettent d'origine, d'autres acceptent une selle plus épaisse, voire sur-mesure, afin de libérer de l'espace pour les jambes. Pour les gabarits hors-norme, les selles basses n'ont jamais été une option viable.

Le confort n'est pas seulement affaire de selle. Reculer ou abaisser les repose-pieds, lorsqu'on en a la possibilité, réduit la gêne aux genoux. Adapter la hauteur du guidon, voire l'écarter, ouvre la posture sans forcer sur le buste et le dos. Enfin, sur toutes les manettes, il est conseillé d'ajuster les leviers à la longueur des bras et des doigts, gage d'un pilotage souple.

L'équipement du pilote joue aussi son rôle. Plusieurs fabricants se lancent désormais dans les blousons à manches plus longues, pantalons bien ajustés et bottes montantes. Privilégier les matières souples comme le cuir pleine fleur garantit une meilleure liberté de mouvement, au quotidien comme sur les longs trajets.

Un infime détail à ne pas négliger : l'installation du disque A durant la période probatoire. Le disque, d'un diamètre de 100 mm, doit rester visible à l'arrière sans masquer la plaque ou les feux. Cette contrainte, certes réglementaire, mérite une attention particulière surtout si la moto est équipée de bagageries ou d'accessoires.

À mesure que les kilomètres défilent, les motards plus grands que la moyenne apprennent à façonner eux-mêmes leur expérience et à réinventer leur confort, jusqu'à apprivoiser routes et machines. Parce qu'au fond, sur deux-roues comme ailleurs, c'est toujours le pilote qui prend le dessus.