En 2024, on ne croise plus un salon de l’auto sans entendre parler d’électrification massive, de neutralité carbone et de plans industriels chamboulés. Pourtant, au cœur de cette agitation, les moteurs à combustion refusent de quitter la scène. Ils s’accrochent, évoluent, se réinventent, et posent une question brûlante : ont-ils encore un rôle à jouer ou s’apprêtent-ils à tirer leur révérence face à la montée en puissance de l’électrique ?
Les géants de l’automobile ne sont pas restés les bras croisés. Face à la pression des nouvelles normes et aux attentes des consommateurs, ils investissent dans la modernisation des moteurs thermiques. Mais la dynamique est double : la recherche s’intensifie autant dans l’amélioration des performances que dans la quête de solutions plus propres. Les gouvernements, quant à eux, n’hésitent plus à accélérer la cadence pour imposer des alternatives plus vertueuses. La question de la place des moteurs à combustion devient alors inévitable, tant cette technologie reste enracinée dans nos usages et dans l’imaginaire collectif.
État actuel des moteurs à combustion
Depuis plus d’un siècle, le moteur à combustion règne en maître sous les capots. Aujourd’hui, il traverse une zone de turbulence. Les annonces de plans tout-électrique se multiplient, mais la réalité est plus nuancée qu’il n’y paraît. Des marques comme BMW, Renault ou Mercedes revoient leur copie : la bascule vers l’électrique total n’est plus la trajectoire unique. BMW maintient le cap, refusant d’enterrer le moteur thermique et misant sur la recherche pour le rendre moins polluant. Renault et Mercedes temporisent, insistant sur une transition progressive plutôt que brutale.
Des stratégies qui bifurquent
Chez Bosch, le discours est tout aussi franc : la disparition rapide du moteur à combustion n’est pas à l’ordre du jour. Stefan Hartung, PDG du groupe, table sur trois décennies, voire davantage, pour que l’ensemble du parc mondial bascule à l’électrique. Selon lui, l’Allemagne doit continuer à soutenir l’innovation sur le thermique pour rester dans la course. Difficile de balayer d’un revers de main l’expertise et les emplois liés à cette filière.
Entre avancées et nouveaux obstacles
La mutation du secteur ne va pas sans soulever une série de défis concrets, parmi lesquels :
- Moderniser les moteurs thermiques pour en réduire la consommation et les émissions
- S’adapter à des normes environnementales qui se durcissent chaque année
- Maintenir l’équilibre entre innovation technologique et impératifs écologiques
Tous ne partagent pas la même vision, mais un constat s’impose : le moteur à combustion n’abandonnera pas le terrain du jour au lendemain. Les investissements colossaux consentis par l’industrie témoignent d’une volonté persistante de faire évoluer ce pilier historique de l’automobile, même si la route s’annonce sinueuse.
Innovations et alternatives émergentes
Face à la pression réglementaire et à la montée de l’électrique, l’industrie automobile tente de réinventer le moteur thermique. Place aux carburants de synthèse, à l’hydrogène, et à des prototypes qui bousculent les règles établies. Thomas Korn, désormais chez Alset Global, en est une illustration frappante. Son kit transforme une voiture essence en modèle roulant à l’hydrogène. La Rapide S d’Aston Martin, propulsée par un V12 de 6 litres, a prouvé la validité de cette solution lors des 24 Heures du Nürburgring. Preuve que l’innovation ne se limite pas aux laboratoires : elle s’invite aussi sur les circuits.
Prototypes, concepts et expérimentations
Dans cette course à la réinvention, plusieurs constructeurs misent sur des pistes inédites. Voici quelques exemples qui dessinent le visage de la transition :
- Toyota a présenté la GR Yaris H2, fonctionnant à l’hydrogène, lors du Rallye de Belgique 2022.
- Alpine a dévoilé le concept car Alpenglow au Mondial de l’automobile 2022, misant sur les carburants alternatifs.
- Bosch Engineering a fait sensation avec la Ligier JS2 RH2 à hydrogène, en marge des 24 Heures du Mans.
- Astron Aerospace mise sur le moteur Omega 1, pensé pour repousser les limites du rendement énergétique.
Carburants synthétiques et hydrogène : une autre voie
Les carburants de synthèse, produits à partir de CO2 et d’hydrogène, offrent une alternative crédible pour rendre les moteurs thermiques plus propres. Ils permettent d’exploiter l’existant tout en réduisant l’empreinte carbone. L’hydrogène, de son côté, intrigue par son potentiel quasi inépuisable et sa propreté d’utilisation. Les initiatives de Toyota, Alpine ou Bosch Engineering montrent que l’industrie n’a pas tiré un trait sur le moteur à combustion, bien au contraire. Elle multiplie les essais pour repousser le clap de fin.
Enjeux environnementaux et contraintes réglementaires
L’Europe ne cache plus ses ambitions : d’ici 2035, les voitures neuves émettant des gaz polluants seront bannies des concessions. Derrière cette mesure, un objectif affiché de réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Les constructeurs sont forcés de réagir vite, parfois à marche forcée. Pour BMW, Renault et Mercedes, la route vers le tout-électrique n’est pas aussi rectiligne que prévu. Stefan Hartung, chez Bosch, le rappelle : l’électrification totale du parc mondial n’arrivera pas avant trois décennies, au mieux. D’où l’importance de poursuivre les investissements dans l’amélioration des moteurs thermiques.
La mutation ne se limite pas à la technique. Les enjeux économiques et industriels s’invitent dans le débat. Pour que la mobilité décarbonée s’impose, il faudra relever plusieurs défis : infrastructures de recharge, approvisionnement en matériaux pour batteries, gestion des déchets issus de ces dernières… Les constructeurs tentent de jongler avec ces problématiques, tout en continuant à explorer des pistes comme l’hydrogène ou les carburants de synthèse. L’équilibre reste précaire, mais la volonté de ne pas sacrifier le moteur thermique trop vite demeure palpable.
Le chemin vers une mobilité sans moteurs à combustion promet d’être semé de dilemmes et d’imprévus. Les règles évoluent, l’innovation s’accélère, mais la question de la pérennité du thermique reste suspendue. Entre ambitions écologiques et réalités industrielles, rien n’est encore figé.
Perspectives et scénarios futurs
Entre contraintes réglementaires et avancées technologiques, l’automobile explore une multitude de scénarios. Akio Toyoda, patron de Toyota, défend la place des moteurs thermiques dans le sport automobile. Il insiste sur la nécessité de préserver une diversité technologique, gage d’adaptabilité face à la pluralité des marchés et des besoins.
Plusieurs exemples récents attestent de la vitalité des alternatives. Carburants synthétiques, hydrogène : le moteur thermique s’offre une seconde jeunesse par l’innovation. Thomas Korn, chez Alset Global, a rendu possible la conversion d’un moteur essence à l’hydrogène, solution testée par Aston Martin dans une épreuve d’endurance extrême. Toyota, de son côté, a marqué les esprits avec la GR Yaris H2, tandis qu’Alpine et Bosch Engineering multiplient les démonstrations de force lors des grands rendez-vous automobiles. Astron Aerospace, avec son moteur Omega 1, ajoute une corde supplémentaire à cet arc technologique.
L’avenir ne se résume donc pas à un duel stérile entre thermique et électrique. La transition énergétique passera par des solutions hybrides, des carburants de nouvelle génération, des innovations qui bousculent l’ordre établi. Les constructeurs naviguent entre impératifs réglementaires, attentes du public et nécessité de préserver leur compétitivité. C’est dans ce jeu d’équilibriste, entre traditions et ruptures, que se dessinera le visage de l’automobile de demain.


